Lincoln

Cette fresque s’intitule « Lincoln, le cow boy bagarreur, contre tous ». Comme à son habitude, Lincoln s’est mis à dos un colosse retroussant ses manches et prêt à en découdre dans ce décor sorti tout droit des imaginaires associés à l’Ouest étasunien.

Le jeune homme constamment en colère contre le monde est orphelin et a grandi dans un saloon entouré de prostituées. Râleur, ironique et pas très perspicace, son mauvais caractère finit par lui valoir d’être chassé de son village. Il fait alors une rencontre inhabituelle avec Dieu en personne. Celui-ci le choisit pour remettre de l’ordre dans les choses du monde et lui promet qu’un jour, il trouvera le bonheur. Pour s’en assurer, Dieu rend Lincoln immortel et l’accompagne dans son quotidien pour essayer de le remettre sur le droit chemin. Il est représenté sur la fresque observant la scène sur le balcon entouré de ses anges, sur la droite.

De l’autre côté du balcon, son ennemi le Diable est également présent. Celui-ci cherche évidemment à influencer Lincoln et à le diriger sur le mauvais chemin.

Dans ce contexte de western, la présence masculine et les codes de la virilité sont exaltés. On y retrouve onze hommes, prêts à se battre ou ivres. Le seul personnage féminin est la femme qui couchait avec le Diable et qui est surprise nue lorsqu’il sort de la chambre.

La série Lincoln a été créée par les frères français Olivier et Jérôme Jouvray, ainsi que par l’épouse de ce dernier, Anne-Claire Jouvray. Le premier album édité par les éditions Paquet sort en 2002 et remporte de nombreux Prix et récompenses, tandis que le neuvième album de la série est paru en 2017. Les réflexions philosophiques de Lincoln sur fond d’humour noir et de cynisme lui vaudront d’être parfois qualifiée de “western philosophique”. C’est en tout cas une satire qui fait preuve d’originalité, et qui s’inscrit dans le paysage de la bande dessinée de la fin des années 1990. Après l’avènement des éditeurs alternatifs au début des années 1990 qui vont renouveler en profondeur la bande dessinée (notamment en dotant leurs personnages d’une épaisseur humaine qui leur faisaient souvent défaut), cette génération va, forte de ces nouveaux apports, réinvestir les genres institués de la bande dessinée comme ici le Western, mais aussi par exemple le récit de pirateries (Isaac le Pirate) ou la Science-fiction (Lupus).

Après avoir reçu le prix de la meilleure série lors de la Quinzaine de la bande dessinée à Bruxelles en 2005, Jérôme Jouvray a reçu la possibilité d’ajouter une fresque de Lincoln au Parcours BD. On retrouve ici le cadre du western qui reprend les stéréotypes répandus : les hommes sont des cow-boys solitaires et parfois justiciers, qui se battent volontiers à la première occasion, tandis que les femmes sont très peu représentées et sont soit prostituées soit femmes à marier. En créant cette série dans les années 2000, les auteurs ont volontairement introduit une distance parodique en revisitant les clichés du Western, tels que le machisme.

Scénariste : Olivier Jouvray (1970-)

Dessinateur : Jérôme Jouvray (1973-)

Maison d’édition : Paquet

Année de création de Lincoln : 2002

Création originale de Jérôme Jouvray