Histoire

La genèse du Parcours BD remonte au début des années 90. La Ville de Bruxelles a mené une lutte ferme contre les grandes affiches publicitaires enlaidissant le centre-ville. Ces affiches, une fois retirées, donnaient à voir des façades délabrées qu’il fallait restaurer. C’est dans ce contexte qu’a été réalisée la première fresque BD. Il s’agit du personnage Broussaille du Bruxellois Frank Pé dans le quartier Plattesteen. L’initiative était belle : croiser l’art et la rénovation urbaine, et a permis de consacrer dans un premier temps quelques auteurs bruxellois sur les murs de la capitale. Au fil des années, le Parcours s’est développé, des auteurs non-bruxellois mais belges ont collaboré… Et puis, des auteurs étrangers – Hugo Pratt, Zep, Dupuy-Berberian, Uderzo, Mezzo, pour ne citer qu’eux – s’inscrivant dans le vaste héritage de la bande dessinée franco-belge.

De Tintin à Spirou en passant par Corto Maltese, Lucky Luke, Yoko Tsuno, Natacha, Astérix… Ce sont aujourd’hui quelques soixantaine de personnages que vous pourrez admirer au détour d’une promenade qui vous fera sortir des sentiers touristiques et découvrir les petites rues authentiques et pleine de charme de Bruxelles.

Afin de refléter plus justement le monde de la bande dessinée actuelle, le Parcours BD se modernise, mettant également à l’honneur la bande dessinée d’auteur avec des artistes comme Nix, Dominique Goblet, Brecht Evens.

 

Recontextualisation des fresques du Parcours BD de Bruxelles

Depuis plusieurs années, le Parcours BD de la Ville de Bruxelles fait l’objet de critiques pour les stéréotypes sexistes et racistes que certaines fresques véhiculeraient. En juin 2021, la Ville de Bruxelles a lancé un marché public sous l’impulsion d’Arnaud Pinxteren, échevin en charge du Parcours BD, de la rénovation urbaine et de la participation citoyenne, pour procéder à la recontextualisation des fresques du Parcours BD de Bruxelles.

Le Brussels Studies Institute s’est associé au groupe de recherche en bande dessinée ACME et au Centre belge de la bande dessinée (CBBD) pour rédiger une courte notice de recontextualisation pour chaque fresque, qui sera accessible via un QR code. Les textes ont été diffusés sur le site internet du Parcours BD entre septembre 2022 et février 2023.

La contestation de symboles et de stéréotypes dans l’espace public est une problématique actuelle très sensible qui nécessite un travail de fond ainsi qu’un dialogue avec les différent.e.s acteur.trice.s concerné.e.s. Entre septembre 2021 et juin 2022, le BSI, ACME et le CBBD ont ouvert un large dialogue avec des académiques, des experts et de nombreux représentants de la société civile.

Trois moments d’échanges ont rassemblé 47 personnes : des expert.e.s universitaires spécialistes des différentes thématiques abordées (racisme, genre, histoire, histoire de l’art, sociologie, pédagogie, mémoire, géographie, anthropologie, BD…) ; des personnes issues du secteur de la bande dessinée (guides du Parcours BD, éditeur, auteur, personnes en charge du Parcours BD), des représentant.e.s de la société civile (militant.e.s féministes et décoloniaux) ainsi que des étudiant.e.s en langues et littératures romanes (ULB) et en Urban Studies (ULB/VUB).

Les échanges ont permis de mettre en lumière de nombreux aspects de la contestation de certaines images véhiculées par la bande dessinée. Les notices rédigées par le BSI, ACME et le CBBD pour la Ville de Bruxelles présentent chaque fresque, identifient les éventuels stéréotypes et les contextualisent. Dorénavant, les passants qui seront face à une image extraite d’une bande dessinée et reproduite sur un mur allant jusqu’à 900 m² (alors qu’elle était destinée initialement à tenir sur quelques centimètres) auront la possibilité de découvrir plus d’informations sur la bande dessinée présentée, sur son époque et ses auteur.rice.s

Si la recontextualisation n’est jamais synonyme de justification, elle permet aux citoyen.ne.s de comprendre tant les intentions des auteur.rice.s lorsqu’ils.elles ont utilisé certains éléments graphiques, que le contexte dans lequel ils.elles ont évolué.

Les enjeux, les conséquences difficiles et les séquelles importantes liées au racisme et au sexisme auxquels de nombreux citoyen.nes font face n’impliquent cependant pas que ces textes ont vocation à servir de réparation. Ils constituent en revanche une invitation à la réflexion commune et à l’interrogation de ces symboles et de leurs messages.

Afin de poursuivre et d’approfondir ce dialogue constructif, les personnes qui souhaitent transmettre une opinion ou une remarque sur les textes diffusés peuvent s’adresser à info@bsi.brussels. Les retours reçus seront transmis à la Ville de Bruxelles.

Le Brussels Studies Institue a pris en charge la rédaction des textes diffusés et tient à remercier les membres du consortium scientifique qui les ont relus et ont transmis de nombreuses suggestions : Maaheen Ahmed, Mélanie Andrieu, Tine Anthoni, Els Consuegra, Isabelle Debekker, Erwin Dejasse, Serge Jaumain, Amandine Lauro, Fabrice Preyat, Nathalie Tousignant, Joost Vaesen et Benjamin Wayens. Les bibliothécaires du CBBD, Dimitri Bogaert et Gregory Shaw, sont remerciés pour leur soutien dans la consultation des différentes séries de bande dessinées. Le BSI, ACME et le CBBD remercient également Lyne Brenac, Philippe Cappart, Philippe Decloux, François Deneyer, Benoit Glaude, Jannin, Alicia Lambert, Gert Meesters, Mary Peterson et Michel Van Roye pour leurs apports. Enfin, tous les participants anonymes aux trois séminaires sont également remerciés, même si leur participation ne constitue bien sûr pas une marque de soutien de la stratégie de recontextualisation choisie. Leurs opinions et arguments ont été utiles pour la poursuite des réflexions.

Les sources et références utilisées pour la rédaction des notices peuvent être demandées par email à info@bsi.brussels ou être consultées sur notre site internet.