Traduite en français par “Fanny et Cie”, la série belge néerlandophone Kiekeboe créée par l’Anversois Robert Merhottein, dit « Merho », est ici mise à l’honneur sur l’ancien théâtre étasunien. Construit en même temps que l’Atomium en 1958 à l’occasion de l’Exposition universelle qui s’est tenue sur le plateau du Heysel, ce théâtre formait le pavillon des États-Unis. Il sera ensuite occupé par le média néerlandophone public, la VRT, jusqu’en 2012.
Peu connu des francophones mais véritable star auprès des néerlandophones, Marcel Kiekeboe est situé à droite du dessin et filme la scène. S’il est le patriarche de la famille, il en est aussi le moins intelligent. Son épouse Charlotte Kiekeboe est femme au foyer et plutôt à l’arrière-plan des intrigues dans les premières histoires, avant d’évoluer vers un personnage bien plus indépendant qui participe activement aux aventures de la famille. Intelligente, elle permet souvent le dénouement de situations difficiles. Jouant au cerceau, on retrouve leur fille, Fanny, âgée d’une vingtaine d’années. Représentée en femme libérée, elle multiplie les amoureux au point de devenir pour Merho la porte d’entrée pour introduire une grande part de sexualité et parfois d’érotisme dans la série. Le personnage de Fanny est engagé socialement, elle est féministe et défend ardemment la cause animale. Son petit frère Konstantinopel est une sorte de génie, jouant ici au preneur de son.
Apparue en 1977 dans l’hebdomadaire flamand Het Laatste Nieuws, la série est publiée dès 1978 en album en Belgique néerlandophone et aux Pays-Bas. En 2022, le 162ème album est publié, ce qui fait une moyenne de trois à quatre publications par an. On y découvre une famille, les « Kiekeboe », qui n’a rien de particulier mais qui vit toujours des aventures extraordinaires. Avec environ 90 000 ventes par album, la série Kiekeboe est l’une des plus vendues en Flandres. Seul le dernier tome d’Harry Potter traduit en néerlandais en 2007 a affiché de meilleures ventes…
Merho ayant commencé sa carrière auprès de Willy Vandersteen (le créateur de Bob et Bobette), il se sitúe dans la tradition de la bande dessinée flamande en présentant le même canevas : une famille ordinaire vivant toutes sortes d’aventures, à l’image d’autres séries néerlandophones ayant connu un grand succès telles que Bob et Bobette, Néron, Gil et Jo, etc. Merho inscrit les Kiekeboes dans une époque résolument contemporaine et aborde des sujets d’actualité tels que la sexualité et l’érotisme d’une jeune femme qui n’hésite pas à changer de compagnon à chaque nouvel album, la politique, la corruption, le blanchiment d’argent, le trafic de drogues, etc. Il inscrit en ce sens la série Kiekeboe dans son époque, même si la science-fiction apparaît de plus en plus souvent dans les histoires au fil du temps. Merho use fortement des jeux de mots compréhensibles d’un public plutôt adulte, tandis que de multiples références à ses confrères francophones peuvent également être décelées, notamment des clins d’œil vers Hergé. Pourtant, seuls deux albums ont été traduits en français, en 1992, il semble que les nombreux jeux de mots humoristiques en néerlandais difficilement transposables dans une autre langue n’ont pas permis de conquérir un lectorat francophone.
Scénariste : Merho (1948-)
Dessinateur : Merho (1948-)
Maison d’édition : Standaard (à partir de 1990, auparavant J. Hoste)