Le Petit Spirou
Bruparck, Laeken 1020 Bruxelles, Belgium
Cette fresque a été réalisée en 1996 lors des festivités célébrant le Centenaire de la bande dessinée. Si la “naissance” de ce nouvel art suscite de nombreux débats, certains estiment que c’est en 1896 que Richard Felton Outcault a inventé la bande dessinée dans les pages de Yellow kid. Pour les autorités belges, l’année 1996 fut surtout l’occasion de célébrer la bande dessinée par de multiples initiatives culturelles et touristiques.
Conçue par le dessinateur bruxellois Janry, cette fresque est un miroir du carrousel qui se trouvait en face et c’est aussi une anamorphose ; un effet de perspective qui rend le dessin parfaitement visible seulement si l’on se place dans un angle précis situé sur la droite.
Alors qu’ils travaillent sur Spirou, Janry et le scénariste bruxellois Tome imaginent en 1987 l’enfance du héros. Dès 1990, un premier album est publié aux éditions Dupuis et le succès est immédiat. Les aventures du garçon espiègle qui porte déjà le costume de groom d’hôtel se déroulent entre l’école et la maison, où il se confronte au monde des adultes. Mais le Petit Spirou n’a d’intérêt que pour une chose : le corps féminin. En l’absence d’éducation sexuelle à l’école et se voyant systématiquement refuser l’accès aux magazines érotiques, il opte pour le voyeurisme. Dans la perception de Janry, il s’agit d’une curiosité sans perversion puisqu’un enfant serait dépourvu de pulsions sexuelles. Si la curiosité est la raison principale des explorations sexuelles des enfants, les sensations de plaisir sont présentes dès les premiers mois du bébé, tandis que l’apprentissage de la pudeur et de l’intimité apparaît généralement vers 7 ans, soit environ l’âge du Petit Spirou.
Mademoiselle Chiffre, la professeure de mathématiques, est la principale cible des observations du garçon. Hypersexualisée, elle concentre tous les stéréotypes de la femme “sexy”. La mère du Petit Spirou est également représentée de façon stéréotypée, s’occupant du foyer et de sa famille, tandis que la figure du père n’est jamais dessinée, illustrant son absence au sens propre comme au figuré. D’autres personnages de la série jouent des clichés répandus et abordent des sujets non-conventionnels. L’amoureux de Mademoiselle Chiffre est à l’opposé des codes plastiques masculins, comme le professeur de gymnastique à la condition physique exécrable. L’abbé Langelusse a été élevé par deux femmes tandis qu’une tante du Petit Spirou explique sa transition de genre dans la première partie de l’album C’est pour ton bien ! (1994).
Selon Janry, la bande dessinée qui s’adressait aux enfants évitait “certains sujets « sensibles » comme le sexe ou la religion”. Le Petit Spirou “s’intéresse à tout, est curieux de tout […] il ne comprend pas les tabous qui minent notre société, et les remet en question, à sa façon.” Contrairement aux séries pour ados et adultes, la bande dessinée jeunesse abordait peu la sexualité à la fin des années 1980. Avec Titeuf, le Petit Spirou est l’une des premières séries à traiter ce sujet.
Scénariste : Tome (1957-2019)
Dessinateurs : Janry (1957-), Bruno Gazzotti (1970-), Dan (1972-)
Maison d’édition : Dupuis
Année de création du Petit Spirou : 1990
Création originale de Janry