Le petit gilet
Rue Frédéric Basse, Brussels, Belgium
Le petit gilet est l’une des trois œuvres du Parcours BD inaugurées le 18 décembre 2019 à la suite d’un appel lancé en 2018 par le Contrat de Quartier durable Jonction pour égayer les tunnels passant sous les voies ferroviaires reliant le nord et le sud de Bruxelles. Il s’agit d’une fresque d’Aurélie William Levaux, une artiste belge qui s’est aussi distinguée dans l’écriture de romans et dans l’art contemporain. Aurélie William Levaux travaille régulièrement sur les minorités et les personnes opprimées. La féminité et les relations entre les hommes et les femmes sont des sujets de prédilection, oscillant parfois entre fiction et autobiographie. Elle a notamment publié sur son couple et son enfance avec onze frères et sœurs, jouant avec les techniques comme dans Menses ante rosam (2008) réalisé pendant sa grossesse où elle mélange le dessin et la broderie. Considérée comme une artiste parfois sombre et franche, Aurélie William Levaux va droit au but : « Que ce soit dans mes livres ou quand je parle, je lâche beaucoup, je ne mets pas de filtres, c’est après coup que je me dis ‘mon dieu !’ et que j’ai honte. Je suis d’ailleurs incapable de me relire. Mais si on met trop de filtres, on censure, et on perd l’âme », explique-t-elle.
Jouant avec la structure du tunnel, Aurélie William Levaux présente une composition faite de six cases aux scènes différentes. Dans le premier cadre, des personnes âgées assistent à une conférence ironiquement intitulée “Le sens de la vie”. Juste à côté, cinq femmes portant des gilets jaunes tournent le dos au palais de justice de Bruxelles. Le titre de la fresque, “le petit gilet”, fait référence au mouvement social apparu en France en octobre 2018 protestant face à l’augmentation du prix du carburant et aux difficultés des personnes gagnant un salaire modeste qui ont besoin de leur voiture pour se rendre au travail.
Dans le troisième compartiment, deux personnes serrent un arbre dans leurs bras. En face, la première scène dépeint une famille rassemblée autour d’un repas servi par un chef cuisinier. Juste à côté, deux cyclistes nus roulent à côté d’un bus de la STIB, la société de transport en commun de Bruxelles. Il s’agit d’une référence à l’association Cyclonudista qui sensibilise au partage de la mobilité dans l’espace public et à la qualité de vie en organisant chaque année une balade avec des cyclistes nus, à l’image de leur fragilité face aux automobiles à Bruxelles.
Dans la cinquième case, une manifestation rassemble trois personnes portant des pancartes dont un portrait de l’écrivaine britannique féministe Virginia Woolf (1882-1941). Une dernière scène représente trois personnes, dont un enfant, en train de travailler péniblement un champ. Deux hommes en costume sont en train de les observer, ou de les surveiller. Ainsi, chacune des six parties de la fresque peut être perçue comme une critique de notre société.
Pour découvrir l’autrice : https://youtu.be/29ZdNmwjyKw
Dessinatrice : Aurélie William Levaux (1981-)
Création originale d’Aurélie William Levaux